"Il ne faut pas céder face à l'intégrisme religieux !"

Publié le par Fédération UMP du Pas de Calais

Tribune publiée le 24 juillet 2013 dans le journal Le Monde.

Les émeutes de Trappes sont une provocation contre la République. Si nous n'y répondons pas avec fermeté, l'autorité de l'Etat sera fragilisée et les intégristes légitimés. Bien sûr, quand éclatent des violences de cette nature, le débat est nécessaire et chacun doit se remettre en question. Mais je m'inquiète d'entendre une partie de la gauche minimiser la gravité de ces émeutes, les justifier par le chômage ou évoquer une abolition de la loi interdisant le port du voile intégral car son application rencontre des résistances. Ce déni de réalité risque de faire le jeu des intégristes qui n'ont pas accepté que la France mette la burqa hors la loi.

Dès 2009, j'ai voulu, avec une large majorité de députés de l'UMP, l'interdiction du port de la burqa. Ce combat n'a pas été facile. Il a fallu braver le politiquement correct qui fait peser une chape de plomb sur la liberté de penser dans notre pays. Je me suis heurté à l'opposition de ceux qui me déniaient le droit de dénoncer la montée de l'intégrisme que j'observais en tant que maire de Meaux. Certains pensent en effet que ce qui n'est pas visible à Paris n'existe pas en France. Mais, au bout de plus d'un an de travail, de dialogue en confiance avec les représentants des musulmans de France, nous avons abouti à la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

LA CAUSE DES FEMMES
Les principes qui ont présidé à l'élaboration de cette loi sont plus que jamais valables. Il s'agissait de défendre avant tout la cause des femmes : la burqa est un masque intégral qui nie l'identité et qui rabaisse la dignité de la personne humaine. Porter une burqa n'est pas une liberté, c'est une aliénation. Cela n'a rien à voir avec le fait pour une femme de porter un simple voile qui ne couvre pas le visage.

S'opposer au port de la burqa, ce n'est donc pas une opposition de principe aux signes religieux, c'est la dénonciation d'une pratique choquante et ultra-minoritaire. Les représentants du Conseil français du culte musulman avaient justement précisé que la burqa n'est pas une prescription religieuse. La loi a donc rappelé que les hommes et les femmes sont intrinsèquement égaux et que, pour tous, la République doit se vivre à visage découvert.

Il s'agissait aussi de défendre une conception ouverte, respectueuse et tolérante de la laïcité qui se définit comme la liberté pour chacun de vivre sa religion dans le respect de celle des autres et des lois de la République. En cohérence avec cette vision positive de la laïcité, je veux réaffirmer que les musulmans de France ont toute leur place dans notre République, à l'instar de chaque citoyen français. Il appartient à la République de veiller à ce qu'ils puissent prier dans des lieux de cultes décents, vivre leur religion librement, tenir toute leur place dans la vie publique, à condition de respecter les lois qui s'imposent à tous les citoyens.

Cette loi avait enfin pour objectif de défendre les musulmans de France qui pâtissent des agissements d'une poignée d'extrémistes. La burqa est une dérive employée à des fins politiques par des intégristes qui veulent provoquer la République. Et le paradoxe est qu'elle nourrit l'islamophobie, que l'on doit combattre de manière implacable.

EVITER TOUT AMALGAME
Interdire la burqa, c'est protéger les musulmans de France en leur évitant tout amalgame avec les pratiques des extrémistes. Les émeutes de Trappes montrent d'ailleurs combien l'interdiction du port de la burqa dérange ces derniers qui ne gagnent du terrain que si la République est passive. Renoncer à cette loi, ce serait donner gain de cause aux intégristes. Ce serait un recul pour le droit des femmes, une fragilisation de la laïcité, un abandon des musulmans de France, un affaiblissement de la République.

Les intégristes sont sensibles aux signaux que leur envoie la République. Ils sont prêts à s'engouffrer dans la moindre brèche qui pourrait leur être ouverte. A cet égard, j'avais regretté que François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne votent pas l'interdiction de la burqa. Cela semblait montrer que les républicains n'étaient pas prêts à s'unir, au-delà des clivages partisans, contre l'intégrisme. Je crains que cela n'ait été perçu par les extrémistes comme un "coin" entre la gauche et la droite qui est aujourd'hui habilement exploité.

Ne nous divisons donc pas face à l'intégrisme ! Si la majorité fait preuve de laxisme, si elle donne le sentiment de vouloir revenir sur l'interdiction de la burqa, alors les intégristes interpréteront ces atermoiements comme une victoire. Il faut au contraire faire bloc, au-delà des clivages partisans, contre tous ceux qui voudraient tirer parti d'un recul de la République : d'une part les intégristes qui veulent imposer leur projet théocratique, d'autre part l'extrême droite qui prospère sur l'échec de l'intégration.

L'actuelle majorité porte aujourd'hui une responsabilité historique : pour préserver notre creuset républicain, qui repose sur la tolérance, la laïcité, la liberté, elle doit condamner sans ambiguïté les violences de Trappes, et réaffirmer son attachement à l'interdiction du port du voile intégral sur le sol français.

 

Jean-François COPÉ
Président de l'UMP

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