Jean-Fançois COPE : « Non à l'Europe de Hollande » !

Publié le par Fédération UMP du Pas de Calais

Interview publié dans Le Figaro le 10 mai 2014

 

INTERVIEW - Pour le président de l'UMP, seul son parti a « une vision lucideet positive pour l'avenir » de la France.

LE FIGARO. - Vous réjouissez-vous qu'Angela Merkel reçoive François Hollande ce week-end ?

Jean-François COPÉ. -Tout ce qui permet à nos dirigeants de se parler est une bonne chose, et les images sont toujours utiles, donc oui, je me réjouis de cette invitation. Mais au-delà de la relation personnelle, que pouvons-nous attendre de cette rencontre ? Le décrochage croissant de la France par rapport à l'Allemagne, depuis deux ans, en matière de chômage, de fiscalité, de déficit budgétaire et de déficit commercial, menace l'efficacité du moteur franco-allemand, sans lequel pour moi l'Europe ne peut pas fonctionner.

François Hollande voudrait un euro moins fort, Angela Merkel s'y refuse. Quelle est votre position ?

Tout le monde préférerait un euro un peu moins fort, mais le cours monétaire n'explique pas tout, et les chiffres du commerce extérieur des pays européens en sont le meilleur indicateur. L'Allemagne a un excédent commercial de 200 milliards, l'Italie un excédent de 30 milliards et la France, un déficit de 60 milliards. Pourquoi ? Parce que depuis deux ans, François Hollande refuse l'exigence de réformes que tous nos voisins ont réalisées !

Vous partagez donc l'analyse d'Alain Juppé, qui souligne que le commerce extérieur japonais a atteint un déficit record quand le premier ministre Shinzo Abe a décidé de baisser le yen ?

J'y souscris d'autant plus que Shinzo Abe a plongé son pays dans le marasme en choisissant une relance par la demande, comme François Hollande. Il n'y a pas de miracle: les pays qui s'en sortent sont ceux qui privilégient la production et donc la compétitivité.

Vous ne croyez donc pas au «tournant» de l'exécutif ?

Le tournant n'est qu'un discours et un nouveau casting, hélas pas une réalité. D'ailleurs Bruxelles a dit son scepticisme. C'est pourquoi j'appelle les Français à voter pour les candidats de l'UMP, seul parti à avoir une vision lucide et positive pour l'avenir de notre pays. Notre projet européen repose sur deux piliers: une Europe pragmatique et efficace faite de cercles à géométrie variable, qui ne fait pas tout à 28 mais qui permet aux nations qui veulent avancer plus vite ensemble de pouvoir le faire. Par exemple, on peut avancer sur le nucléaire avec la Grande-Bretagne et la Finlande, sur l'harmonisation sociale et fiscale avec les pays frontaliers du nôtre, sur l'immigration avec les États qui tiennent leurs engagements, de sorte que ceux qui ont des frontières passoires sortent de Schengen… Quant au deuxième pilier, c'est une France qui ose enfin regarder la réalité en face plutôt que de se servir de l'exception française comme alibi à l'absence de réformes. Redonnons le goût du travail et supprimons les 35 heures, réformons notre droit du travail, donnons à nos entreprises des raisons de produire et d'embaucher en France. En un mot, redonnons de la liberté !

«Sortir de l'Europe, c'est sortir de l'Histoire», a écrit François Hollande dans Le Monde. Adhérez-vous à la formule ?

Non, parce qu'elle est à la fois stigmatisante et défensive. La France ne fait pas le choix de l'Europe par crainte de sortir de l'Histoire, mais pour agrandir l'Histoire, c'est donc un choix profondément patriotique. L'Europe ne doit pas seulement parler à la mémoire, même si c'est une dimension fondatrice. L'Europe de François Hollande n'est pas la mienne. L'Europe que nous voulons se décline au présent, elle est utile, concrète. À la formule incantatoire de François Hollande sur «l'Europe de la volonté», je préfère l'Europe de l'efficacité, des réponses, des solutions. Enfin, le président est intarissable sur l'Europe qui déçoit, mais muet sur sa responsabilité dans notre décrochage.

Comment expliquez-vous la montée de l'euroscepticisme, sur lequel surfe le FN ?

51 % des Français trouvent que c'est une bonne chose d'appartenir à l'Europe, contre 38 % qui pensent que c'est une mauvaise chose, cela signifie que le sentiment pro-européen reste largement majoritaire, mais il est vital d'agir de l'intérieur pour corriger les faiblesses de l'Union européenne. Le FN parie sur le fait que les Français ont la mémoire qui flanche, d'où son discours démagogique. Il parle de sortir de l'euro, mais comment payerions-nous notre énergie, qui représente 83 % de notre déficit commercial ? Comment feraient nos agriculteurs sans les 64 milliards d'euros d'aides européennes sur la période 2014-2020 ?
 

Publié dans Européennes 2014

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